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Axelle Remeaud

Projet

"Les tiges émergent des noires profondeurs.
Les fleurs nagent comme des poissons de lumière sur les sombres eaux vertes.
Je tiens une tige à la main.
Je suis moi-même la tige.
Mes racines s'enfoncent dans les profondeurs du monde, à travers l'argile sèche et la terre humide,
à travers les veines de plombs, les veines d'argent.
Mon corps n'est qu'une fibre.
Toutes les secousses se répercutent en moi et le poids de la terre presse contre mes cotes.
Je suis vert comme un if à l'ombre de la haie. Mes cheveux sont des feuilles.
J'ai pris racines au milieu de la terre. Mon corps est une tige.
Je presse la tige.
Une goutte lente, épaisse, suinte de l'orifice de ma bouche et s'arrondit sans cesse.
Je ne sais quoi de rose passe devant le soupirail. Quelqu'un glisse un regard à travers la fente.
Ce regard vient me frapper. Elle m'a découvert.
Quelque chose vient me cogner sur la nuque. Elle m'a embrassé.
Tout est mis en pièces."
Virginia Woolf "Les vagues" extrait.

L’anatomie du genre

La femme est le corps de l’œuvre d’Axelle Remeaud : des rêves de petites filles aux désillusions sentimentales, du mythe de la tentatrice à celui de Pénélope, de la fertilité à l’obscène médusant. Bouche, seins, sexes, jambes, talons hauts, robes de mariée, motifs floraux… toute la cartographie du féminin déclinée à l’envi, symboles émoussés et fragments d’une anatomie qui, isolant les parties du tout, se complait dans le fétichisme. Car si la jeune artiste fait dans le tricot, dans l’introspection aussi bien que dans la dénonciation des stéréotypes misogynes, si son travail tient autant de l’art du portrait que des Gender Studies, elle ne succombe pas aux schématisations ou aux mièvreries d’usages.

L’œuvre n’est pas sage. Loin de là. Espiègle, impertinente, subtile, dangereusement sensuelle. Toute en ironiques contradictions, en ambiguïté critique. Chez elle, la séduction est un piège. L’attirant flirte avec le répulsif. Le désir se mêle au dégoût. Les genres et les règnes se confondent pour une hybridation qui renoue avec la rhétorique formelle des surréalistes et nourrit les imaginaires. Esquissés d’un trait de crayon, séparés du reste du corps, les sexes féminins dessinent des topographies charnelles, s’ouvrent sur des territoires inconnus, touffus, foisonnants – forêts primitives ou créatures chimériques. A l’inverse, la simple photographie d’un paysage indien se charge d’une dimension organique. Pas besoin de travailler au relief ni à la perspective, Axelle Remeaud saisit au vol l’épaisseur des choses, et creuse en profondeur jusqu’à atteindre leur inconscient.

Sur son travail, l’ombre de Louise Bourgeois ou d’Annette Messager se profile. Ou, dans cet érotisme morbide, celles de Hans Bellmer et de Georges Bataille. Des jambes en latex, coupées à hauteur de cuisse, jonchent le sol comme un cadavre, et accueillent la croissance de plantes vivaces. Eros embrasse Thanatos. Au delà de l’image de la femme, de cette fécondité magnifiée ou fantasmée à la limite de la monstruosité, l’artiste questionne le vivant. On pense au héros du Moravaginede Blaise Cendrars qui, remontant l’Orénoque, pris dans une folie naissante, se confronte aux « fleurs velues » et à « l’humus glauque », aux « écoulements » et aux « compénétrations », à cette pourriturede la nature qui n’est autre que la vie même.

Céline Piettre

Expositions

2011 :
- exposition collective à la manufacture de Sèvres.
- exposition personnelle à la « galerie la tour » (Paris).
- « Vanitas, vanitatum, vanités contemporaines... » Biennale d’Issy-les-Moulineaux.

2010:
- festival « Myswissfriends »Focus sur la scène Genevoise à Main d’œuvre pour la «nuit blanche ».

2009:
- « act1: la poétique »exposition collective art et botanic dans le potager du roi (Versailles).

2008:
- « panorama de la jeune création » Biennale d’art contemporain de Bourges.
- « le prix de la jeune sculpture »exposition au Musée en Plein Air du Sart-Tilman, et à «La Châtaigneraie » Centre wallon d’art contemporain à Liège (Belgique). Prix du public. - « à la verticale du temps »exposition personnelle à l'écluse 10 v.s « patureauvolain », La Colancelle (Nièvre).
- conférence dans le cadre du festival « pocket film »au centre Pompidou.

2007:
- « la Première Biennale de l’image»workshop / exposition avec les étudiants des beaux-arts de LuangPrabang et de Vientiane (Laos).
- festival «48 StundenNeuklolln»exposition collective à SDW-Neuklolln (Berlin).
- « grand ouvert »exposition collective au musée Saint-Roch (Issoudun).
- exposition collective à « Emmétrop » (Bourges).

Informations

tel : 06 37 36 54 89
mail : axelleremeaud@yahoo.fr